samedi 4 avril 2015

Marlon Iraheta : I'm a Montrealer

Could you present you in a few words?

My name is Marlon Iraheta, I’m 36 years old. I was born and raised in Montreal, Quebec and from Salvadorian nationality. I speak Spanish, French and English. I graduated from Concordia University in 2004 with a bachelor in Sociology. I work full time as an intermediate caregiver for a facility for individuals with intellectual disabilities. I’m a husband, a father of a young boy and I love to take photographs.


© Marlon Iraheta


Marlon Iraheta, what got you involved in photography?

I started to manipulate a digital camera in 2011. I have always liked photojournalism and being out there in the public domain hunting for interesting subjects to be captured. Then for fun and to experiment, I started to discover the origins of photography by going back to basics with traditional film photography. The curiosity and the fun aspect got me involved and now I’m a regular film photographer enthusiast. I develop my black and white films myself as well as color film. I practice primarily street photography and photojournalism.

  
What are the main themes you tackle on your photographs? Why? 

Being a street photographer, I solely engage with the human aspect. I like to be out there trying to search for that particular photograph depicting the human condition in its most candid way. The look of people’s faces and body language is something that attracts me, along with whatever other object that the person has with her or him. The beauty of street photography is that this genre of art, is very hard to practice, everyday the streets of Montreal challenges me to be better at what I do. It’s important to make clear that I’m not a pro photographer and do not wish to be one. I prefer the term, artist, as I’m always learning by trial and error. I enjoy street photography because I create my own photos, in the end it doesn’t matter if the frame is blurred or out of focus. The pictures I take, are always personal and for me. If someone likes my work and enjoys the artistic style it conveys, even better.



© Marlon Iraheta


Can you talk a little bit about your influences?

There are many street photographers who have influenced me and still continue to teach me about this street art. Daido Moriyama is a Japanese photographer and his contemporary style is very much appealing to me. Mr. Bruce Gilden, is someone I also admire. His street photography and in your face style is something I haven’t put into practice but has surely motivated me to understand that 95% of the time people don’t mind being photographed. Being up close and more personal in the most candid way is something Mr. Gilden tackles very well, and is a learning process in my journey as a street photographer. My most influential photographer has to be Mr. Vladimir Milivojevich, also known as “Boogie”. His documentary and portrait photographs of people just blows my mind. To be able to capture drug dealers and junkies and their everyday life, and infiltrate that personal barrier and spend days and hours around such hostile environment, is work that needs to be recognize.



© Marlon Iraheta


Do you prefer shooting with film to digital? What is your motivation to use black and white films?

I shoot both but this year I have been exclusively a film photographer. I’m a big fan of black and white film. I find it more appealing and feel it communicates a more personal understanding of the photograph. It is a classic traditional way and helps me understand the light and shadows better. Color can often be distracting and therefore black and white makes me connect and be more emotional with my everyday strangers.


What are your next projects?

This year I intend to spend more time in photographing street portraits of strangers. This is a project that I have started a year ago, and wish to pursue it this summer to its full capacity, so it can finally see daylight into a beautiful print book.


© Marlon Iraheta

© Marlon Iraheta

© Marlon Iraheta





samedi 17 janvier 2015

Dans l'intimité de la photographe Annabel Werbrouck


Pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques phrases ? Quel parcours avez-vous suivi ?

Après avoir terminé des études de Géographie à l’ULB (Université Libre de Bruxelles), j’intègre l’École de Photographie Agnès Varda avec le projet de maîtriser les différents spectres de la photographie. Au départ une grande partie de mon travail est centré sur la photographie sociale. Ce qui me permet de découvrir des univers, des mondes qui me seraient inaccessibles autrement. Je m’intéresse à la marge de la société, marge que je m’efforce de refléter au travers de séries photographiques consacrées aux campings résidentiels, à une cité sociale, ou à ces « familles orphelines » en Ethiopie par exemple. Suite à un événement marquant (la mort de ma mère) qui s’est passé dans ma vie il y a bientôt deux ans, je m’oriente vers une forme de photographie plus intime et personnelle avec des nouvelles séries comme « Un matin… », « Les amants » et « Le journal d’une femme à Berlin » par exemple.



© Annabel Werbrouck


Comment avez-vous débuté la photographie ?

Après avoir terminé mes études de Géographie je me suis rendue que ça ne m’intéressait plus… Je suis alors partie en voyage pendant trois mois au Vietnam. C’est durant ce voyage que je me suis rendue compte que la photographie m’intéressait, que j’avais envie de montrer ce qui ne se voit pas si on ne prend pas la peine de regarder… Une envie de montrer l’intimité, l’humanité de différentes couches de la population, bien souvent en marge de la société. Aller à la rencontre des gens, de leur vie, de leur quotidien.
J’ai donc débuté une formation de trois ans en cours du soir de photographie.


Est-ce que vous collectionné les photos ? Qu’est-ce qui vous attiré dans les anciens albums photo ?

Oui je collectionne les photos anciennes.

Cette envie d’aller vers les photos anciennes est apparue après le décès de ma mère, d’avoir vidé sa maison… de retrouvés des « vieux » albums de familles. Une envie de garder des souvenirs, une trace, des fragments de vie…

En est découlée une partie de mon travail qui est centrée sur la narration à partir d’anciennes photos trouvées, recadrées avec deux séries « Les amants » et « Fragments de vie ».

La série « Les amants » est une compilation, sous forme narrative de photos que j’ai réalisées à différents moments, ainsi que certains recadrages de négatifs que j’ai trouvés dans le grenier de mes parents. J’ai essayé d’en faire une narration suggestive, dans la réserve et la pudeur.

La série « fragments de vie » a été réalisée à partir de recadrages de photos de familles d’anonymes trouvées dans des vides greniers à Bruxelles et à Berlin. En essayant de raconter une histoire.


Comment qualifiez-vous vos photographies ? Qu’est-ce que vous souhaitez faire partager au lecteur ?

Mon travail est actuellement « autobiographique » comme la série la série « Un matin » et le « Journal d’une femme à Berlin ». Ce sont des séries intimes et personnelles d’ « autofictions » centrées sur de l’autoportrait, du quotidien avec ses joies et ses souffrances. La vie d’une femme autour du deuil d’une mère, l’adaptation à une nouvelle ville (Berlin), le couple…


Argentique ou numérique ?

Actuellement, j’utilise tant l’argentique que le numérique. J’ai beaucoup travaillé avec du Polaroid comme dans la série « Un matin » mais également le numérique comme par exemple la série « Le journal d’une femme à Berlin »


Enfin, quels sont les thèmes qui vous tiennent à cœur dans la photographie aujourd’hui ?

Aujourd’hui les thèmes qui me tiennent à cœurs c’est tout ce qui tourne autour de l’intime, du personnel et de l’autofiction.


© Annabel Werbrouck

© Annabel Werbrouck

© Annabel Werbrouck

© Annabel Werbrouck


http://annabelwerbrouck.be/

mercredi 10 décembre 2014

Adrien Tomaz : entre images et mots

Adrien Tomaz, jeune artiste parisien, se met à la photographie en 2010. Il intègre le Centre Iris en 2013. Ancien infirmier en psychiatrie, il commence à s’intéresser aux livres photographiques. « J'ai pendant longtemps pris un rôle d'observateur, en prenant rarement la parole. Et comme je suis fasciné par le réel et sa subjectivité, j'ai commencé à m'intéresser aux livres de photographie. »



© Hamid Blad


« Je travaille la plupart du temps en argentique, 35mm ou moyen format, car j'ai besoin d'un temps de latence avant de les voir sur un support. Je ne suis jamais pressé de les regarder. »


Adrien Tomaz utilise « un espace visuel déterminé, concret ou abstrait ». « Cet espace est symbolisé par la répétition de signes similaires. Ce qui nous mène à l'épuisement de l'image par l'image. C'est cet épuisement qui permet de contextualiser les photographies par des mots. »

Le photographe tente surtout de comprendre le lien entre images et mots. Il met en avant le rapport images-mots dans sa série Cent vérités absolues, où il n’y a que des phrases entendues et sorties de leur contexte. « Je me demande alors si elles peuvent donner lieu à des images. Et aussi si ces mots ont besoin d'images pour être compris. »

Dans sa dernière série, l’artiste plasticien Adrien Tomaz part du principe que l’acte de regarder est aussi celui de photographier. L’acte de regarder vingt-quatre vagues est un travail constitué de sept phrases et vingt-quatre images de vagues.

« Ma question a été : cet acte est-il si anodin que cela ? Pourquoi faire exister ces vagues et les tuer par le même geste ? »

Entre ces vagues se trouvent des pensées, des mots. L’artiste ajoute des phrases évoquant l’indifférence de ces vagues. « Ces mots permettent de contextualiser les photographies, qui n'auraient aucun sens sinon. Ce n'est plus le contenu qui compte, mais notre relation à ce contenu. Je remets en cause l'objectivité apparente de ces images, et en utilisant leur pauvreté je mets en avant leur substance sous-jacente. En tout cas une idée de celle-ci. »



Acte 2 © Adrien Tomaz

Acte 3 © Adrien Tomaz

Acte 4 © Adrien Tomaz

Acte 4-1 © Adrien Tomaz


Publié sur différents webzines comme « L’Oeil de la photographie », « L'Arty Box », « Brooklyn street art », « The Independant », Adrien Tomaz souhaite surtout partager ses préoccupations pour l’image, ce que représente la position de « regardeur ».
« Cette position est souvent prise pour une position passive, mais c'est le contraire. C'est un acte actif. Fixer cette position par l'image est une responsabilité. D'ailleurs je fais assez peu d'images finalement, juste ce qu'il me faut. » 


http://www.adrientomaz.com